Contexte : pourquoi mettre en place un plan européen pour réglementer le recyclage des batteries électriques ?
Dans le cadre du paquet climat « Fit for 55« , l’élimination progressive de l’utilisation des énergies fossiles pour favoriser la mobilité électrique d’ici 2035 nécessite une révision approfondie des stratégies de fabrication de l’industrie automobile européenne. Cela inclut également la restriction des ventes de véhicules neufs à moteur thermique cette même année.
"Les batteries sont un élément clé du processus de décarbonation et de la transition de l'UE vers des modes de transport à émissions nulles. Parallèlement, les batteries en fin de vie contiennent de nombreuses ressources précieuses et nous devons être en mesure de réutiliser ces matières premières critiques au lieu de dépendre de pays tiers pour les approvisionnements. Les nouvelles règles favoriseront la compétitivité de l'industrie européenne et garantiront que les nouvelles batteries seront durables et contribueront à la transition écologique".
Teresa Ribera, ministre espagnole de la transition écologique.
De plus, la demande de batteries devrait augmenter, en raison :
- l’économie numérique,
- de la mobilité électrique,
- et le stockage renouvelable.
De même, l’UE aura besoin de 18 fois plus de lithium en 2030 mais aussi de 5 fois plus de cobalt cette même année. En 2050, la demande sera respectivement de 60 et de 15 fois plus.
En somme, le règlement adopté a pour objectif de :
- favoriser l’économie circulaire,
- optimiser le marché intérieur des piles,
- diminuer l’empreinte écologique et sociale des piles,
- instaurer de nouvelles normes de sécurité, durabilité et étiquetage pour assurer une concurrence juste.
Ainsi, le règlement adopté par le Parlement européen et le Conseil couvrira l’ensemble des batteries. Cela englobe :
- les batteries industrielles,
- les déchets de batteries portables,
- les batteries des véhicules électriques,
- les batteries SLI (utilisées principalement dans les véhicules et les machines),
- les batteries pour les moyens de transport légers (vélos électriques, les cyclomoteurs électriques et les trottinettes électriques).
Si vous voulez en savoir plus sur ce type de recyclage adapté aux voitures électriques, notre article “Le recyclage de batterie de voiture électrique” pourrait vous intéresser.
Quelles sont les batteries disponibles au sein de l’Union Européenne ?
Le plan européen de recyclage des batteries est ambitieux, mais il repose sur un élément fondamental : la disponibilité de batteries compatibles avec les technologies de recyclage actuelles. Quelles sont donc les batteries disponibles au sein de l’Union européenne ? Quelles sont leurs caractéristiques et leurs avantages ?
Selon le service de recherche du Parlement européen, nous retrouvons 4 types de batteries dans l’Union Européenne :
- Batteries automobiles :
- Elles sont spécialement conçues pour alimenter les véhicules électriques, fournissant l’énergie nécessaire pour démarrer le moteur et alimenter les composants électriques du véhicule.
- Elles sont caractérisées par leur capacité à supporter des charges importantes et à maintenir une tension stable pour un fonctionnement fiable du véhicule.
- Batteries pour moyens de transports légers :
- Elles sont destinées aux moyens de transport légers tels que les vélos électriques, les cyclomoteurs électriques et les trottinettes électriques.
- Elles sont conçues pour fournir une alimentation électrique suffisante tout en étant légères et compactes pour une utilisation pratique sur des véhicules de petite taille.
- Piles industrielles :
- Ce sont des dispositifs électrochimiques utilisés dans divers environnements industriels pour alimenter des équipements et des machines.
- Elles sont généralement conçues pour offrir une grande fiabilité, une longue durée de vie et une capacité à fonctionner dans des conditions difficiles ou extrêmes.
- Piles portables :
- Ce sont des sources d’énergie compactes conçues pour alimenter des appareils électroniques portables tels que les téléphones mobiles, les appareils photo, les baladeurs et les jouets.
- Elles sont souvent légères, de petite taille et offrent une autonomie adaptée aux besoins des appareils qu’elles alimentent.
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À savoir que d’ici à 2030, la demande mondiale de batteries pourrait connaître une multiplication par 14, tandis que l’UE pourrait en absorber 17 %.
Cette croissance découle principalement de la montée en puissance de l’économie numérique, des énergies renouvelables et de la mobilité à faible empreinte carbone. L’essor des véhicules électriques positionnera ce domaine comme un marché stratégique à l’échelle mondiale.
Quelles sont les techniques utilisées pour recycler ces batteries ?
Maintenant que nous avons compris l’importance du recyclage des batteries et les objectifs du plan européen, il est temps de nous pencher sur les techniques concrètes utilisées pour donner une seconde vie à ces composants essentiels de la mobilité électrique.
Actuellement, le recyclage se concentre essentiellement sur deux techniques majeures lorsque l’on parle de recyclage : la pyrométallurgie et l’hydrométallurgie.
- La pyrométallurgie : Axée sur l’exploitation de hautes températures, cette méthode cherche à séparer et à récupérer des matériaux individuels. En simplifiant, une batterie est introduite dans un haut fourneau, où des températures spécifiques sont appliquées pour obtenir des matériaux purs ou des alliages utilisables dans de nouveaux processus de production.
- L’hydrométallurgie : Cette méthode est plus récente mais en plein essor, implique la séparation des matières premières de la batterie à l’aide de solvants chimiques. Fonctionnant à basse température, elle demande moins d’énergie, ce qui la rend plus efficiente.
Le plan européen du recyclage des batteries des véhicules électriques : à quelles fins sert-il ?
Comme énoncé précédemment, l’Union Européenne a mis en place un plan ambitieux pour le recyclage des batteries des véhicules électriques. Mais comment compte-t-elle s’y prendre ? Quels sont les moyens mis en place pour relever ce défi ? Quels sont les objectifs ?
L’accent mit sur l’économie circulaire
Les règles récentes ont pour but de favoriser une économie circulaire en régulant le parcours des batteries tout au long de leur existence. Elles établissent des critères pour la fin de vie, incluant :
- objectifs pour valoriser les matériaux,
- élargir la responsabilité des producteurs,
- objectifs et responsabilités pour la collecte.
Concernant les véhicules électriques, ce règlement impose dorénavant des seuils minimaux de recyclage (valant également pour les batteries industrielles et les batteries SLI). Ces seuils sont initialement établis à :
- 6 % pour le nickel,
- 6 % pour le lithium,
- 16 % pour le cobalt,
- 85 % pour le plomb.
De plus, les batteries doivent être fournies avec une documentation détaillant leur contenu recyclé.
À savoir : L’objectif de recyclage vise à atteindre 80 % pour les batteries au nickel-cadmium et 50 % pour les autres types de batteries d’ici fin 2025.
Réduire les émissions de GES
Les récentes réglementations exigent aux fabricants de batteries un devoir de diligence pour prévenir les atteintes aux droits humains et assurer une éthique accrue dans la fabrication des batteries.
Pour contextualiser mes propos, la production de batteries repose fortement sur l’importation de matières premières comme le cobalt, le lithium, le nickel et le manganèse, engendrant d’importantes répercussions environnementales et sociales.
De ce fait, toutes les entreprises commercialisant des batteries dans l’UE, (hormis les PME), doivent adopter et appliquer cette politique de diligence de manière exhaustive.
Ainsi, afin d’assurer une meilleure transparence, les batteries avec une capacité supérieure à 2 kWh devront arborer une étiquette mettant en évidence leur empreinte carbone. Ils devront également respecter les critères environnementaux et sociaux concernant :
- le traitement,
- le commerce,
- et l’approvisionnement des matières premières, des produits chimiques mais aussi des matières premières secondaires.
De plus, il est exigé que les fabricants de batteries récupèrent au moins 63% des matériaux des batteries en fin de vie d’ici à 2027, ce seuil devant augmenter à 73% d’ici à la fin de 2030. Pour ce qui est des batteries lithium-ion, les objectifs fixés indiquent que la récupération devra atteindre 50% d’ici à 2027 et 80% d’ici à la fin de 2030.
Une équité entre tous les fabricants
Afin d’améliorer le fonctionnement du marché intérieur des batteries tout en assurant une concurrence plus juste par le biais de normes renforcées en matière de sécurité, de durabilité et d’étiquetage, de nouvelles règles ont été mises en place.
Pour atteindre cet objectif, des critères de performance, de durabilité et de sécurité seront mis en place, accompagnés de restrictions strictes concernant des substances dangereuses telles que :
- le plomb,
- le mercure,
- le cadmium,
- et les informations obligatoires sur l’empreinte carbone des batteries.
De plus, le règlement impose des exigences en matière d’étiquetage et d’information, notamment en ce qui concerne les composants des batteries et leur contenu recyclé, ainsi qu’un « passeport-batterie » électronique et un code QR.
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Afin de laisser suffisamment de temps aux États membres et aux acteurs économiques pour se préparer, les exigences en matière d’étiquetage seront en vigueur d’ici 2026, tandis que le code QR le sera d’ici 2027.
Quelles sont les limites de ce plan européen ?
Si le plan européen de recyclage des batteries est ambitieux et louable, il n’est pas exempt de critiques. Certaines zones d’ombre subsistent et pourraient freiner son efficacité à long terme.
Le coût des matières premières
Dans un premier temps, la Cour européenne souligne que l’augmentation des coûts de production comme l’énergie et les matières premières pourraient rendre les batteries et donc les véhicules électriques inabordables pour de nombreux propriétaires (malgré les nombreuses aides financières pour voitures électriques).
En effet, le coût des matières premières a grimpé de manière significative, avec une augmentation du prix du nickel de plus de 70 % et du lithium de 870 % en l’espace de deux ans. Étant donné qu’une batterie représente 40 % du prix total d’un véhicule, il est peu probable que le coût d’achat de ce type de véhicule diminue.
De ce fait, cela conduirait potentiellement à une baisse de la demande de véhicules électriques et à une diminution de l’intérêt économique des investissements dans les installations de production.
Une dépendance accrue vis-à-vis de la concurrence
Il est important de rappeler que le contexte de la concurrence internationale est exigeant.
En effet, la Chine détient actuellement une part prépondérante de 76 % dans la fabrication mondiale de batteries, tandis que l’UE en détient 7 %.
Mais ce n’est pas tout : l’UE dépend à hauteur de 78 % des importations pour 5 matières premières (nickel, cobalt, manganèse, lithium, graphite naturel), provenant principalement de quelques pays, soit :
- Australie : 87 % du lithium brut
- République démocratique du Congo : 68 % du cobalt
- Chine : 40 % du graphite naturel
De plus, l’UE n’a pas encore établi d’accords de libre-échange avec ces principaux producteurs mondiaux, ce qui peut mettre en danger l’approvisionnement en raison de risques géopolitiques.
Par ailleurs, l’UE éprouve des difficultés à extraire les minerais de son propre sous-sol. Bien que du lithium soit présent au Portugal et en France, il s’écoule en moyenne de 12 à 16 ans entre la découverte et le début de la production.
L’attractivité du plan des États-Unis face à celui de l’UE
L’UE doit résoudre un autre défi identifié par la Cour européenne : son manque d’attrait pour les investisseurs.
Au détriment de l’UE, les producteurs de batteries pourraient être attirés par les États-Unis et leur IRA. Cet IRA est un programme massif de subventions nommé « Inflation Reduction Act », soit une incitation aux entreprises pour l’installation de leurs usines de production de batteries, grâce à leur loi sur la réduction de l’inflation.
Ce pays soutient directement la production de batteries et l’achat de véhicules électriques fabriqués localement avec des composants américains. En tout, Washington prévoit de dépenser près de 16 milliards de dollars, comparé à 7,7 milliards pour l’Europe.
Conclusion
Le plan européen de recyclage des batteries est un pas important dans la bonne direction. Il s’agit d’une initiative nécessaire pour garantir la durabilité de la filière électrique et répondre aux exigences environnementales croissantes.
Cependant, il est important de noter que ce plan n’est pas exempt de défis. Des efforts importants devront être déployés pour améliorer la rentabilité du recyclage, développer les infrastructures et les compétences nécessaires, et simplifier la réglementation.
De plus, le succès de ce plan dépendra de la collaboration de tous les acteurs : gouvernements, industriels, chercheurs mais aussi citoyens. C’est en unissant nos forces que nous pouvons relever le défi du recyclage des batteries et construire un avenir plus durable pour la mobilité électrique.
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