Pourquoi la carte grise pour les voitures électriques ne sera plus gratuite ?
Une décision motivée par des enjeux budgétaires ou un recentrage des aides ?
La suppression de la gratuité de la carte grise pour les véhicules électriques résulte d’un double enjeu : budgétaire et stratégique. Les régions, qui perçoivent une taxe sur les cartes grises (autour de 50 à 150 € par véhicule en moyenne), ont vu leurs recettes diminuer avec l’essor des voitures électriques, exonérées depuis 2020. Cette perte est aggravée par la chute globale des immatriculations (–22 % entre 2019 et 2023), liée à l’inflation et au déséquilibre offre-demande.
Parallèlement, l’État, engagé dans un plan d’économies de 40 milliards d’euros d’ici 2026, incite les collectivités à rationaliser les niches fiscales. Certaines régions, comme l’Île-de-France, ont déjà rétabli une taxe réduite (50 % du tarif thermique) pour les électriques en 2023, anticipant un recentrage des aides sur les ménages modestes ou les véhicules d’occasion.
Pourquoi la carte grise était-elle gratuite pour les véhicules électriques ?
Introduite entre 2017 (pour les premières régions pionnières) et 2020 (généralisation nationale), cette exonération visait à compenser le surcoût à l’achat des véhicules électriques (30 à 40 % plus chers que les thermiques à l’époque). Elle s’inscrivait dans une politique « tout électrique » associant bonus écologique (jusqu’à 7 000 €), prime à la conversion (5 000 €) et avantages en nature (exonération de TVS pour les entreprises). L’effet a été spectaculaire : le parc électrique est passé de 30 000 véhicules en 2017 à près d’1,2 million en 2024.
Mais ce succès a rendu la mesure économiquement intenable, les exonérations représentant désormais plus de 100 millions d’euros annuels de manque à gagner pour les régions.
Quelles autres formes de soutien pourraient remplacer la gratuité actuelle ?
Plusieurs dispositifs émergent pour compenser la fin de l’exonération de la carte grise, ciblant à la fois l’accessibilité et les infrastructures. Le bonus écologique 2025, réservé aux véhicules électriques neufs sous 47 000 €, est désormais modulé selon les revenus (jusqu’à 5 000 € pour les foyers modestes), tandis qu’un crédit d’impôt de 500 € facilite l’installation de bornes de recharge domestiques. Les entreprises bénéficient d’aides spécifiques, notamment via des locations longue durée (LLD) incluant maintenance et gestion de recharge, avec des bonus pouvant atteindre 3 000 €.
Par ailleurs, des prêts à taux zéro pour l’achat de véhicules électriques d’occasion ou des subventions ciblées sur les modèles d’entrée de gamme (type Dacia Spring) sont envisagés pour démocratiser l’accès. Les régions pourraient aussi instaurer un bonus-malus régional pénalisant les hybrides énergivores et favorisant les véhicules les plus sobres, bien que l’harmonisation nationale des aides reste un défi.
Carte grise pour voiture électrique : ce qui change à partir du 1er mai 2025
À compter du 1ᵉʳ mai 2025, les voitures électriques neuves et d’occasion perdent leur exonération de taxe régionale dans la plupart des régions, à l’exception des Hauts-de-France, où la gratuité est maintenue provisoirement. Les régions appliqueront désormais un tarif standardisé par cheval fiscal, aligné sur celui des véhicules thermiques, variant entre 30 € et 60 € par CV selon les territoires.
Par exemple, en Île-de-France, chaque CV fiscal coûtera 54,95 €, entraînant des hausses jusqu’à +3 400 % par rapport au tarif actuel de 13,76 € – comme pour la Renault 5 E-Tech (5 CV), dont la carte grise passera de 13,76 € à 274,75 €. Cette réforme, inscrite dans la loi de finances 2025, répond au manque à gagner budgétaire des collectivités, exacerbé par l’effondrement des immatriculations thermiques et l’essor des voitures électriques, désormais matures sur le marché.
Fin de la gratuité : quelles voitures électriques sont concernées par la nouvelle mesure ?
La mesure s’applique à tous les véhicules 100 % électriques immatriculés après le 1ᵉʳ mai 2025, qu’ils soient neufs ou d’occasion. Les hybrides rechargeables, déjà soumis à un malus écologique basé sur leurs émissions de CO₂, ne sont pas concernés par ce revirement spécifique. Les cartes grises délivrées avant cette date conservent leur validité sans rétroactivité.
Les régions disposent désormais d’une liberté totale pour fixer le tarif, avec trois options : suppression totale de l’exonération, réduction de 50 %, ou maintien de la gratuité (comme dans les Hauts-de-France).
Voiture électrique : à combien s’élèvera la carte grise après le 1er mai ?
Le coût dépendra de deux critères :
La puissance administrative (chevaux fiscaux) :
- Renault 5 E-Tech (5 CV) : 274,75 € en Île-de-France (54,95 €/CV), 225 € en Occitanie (45 €/CV).
- Tesla Model Y (8 CV) : 480 € en Provence-Alpes-Côte d’Azur (60 €/CV), 400 € en Nouvelle-Aquitaine (50 €/CV).
- Citroën Ë-C3 (4 CV) : 240 € en Normandie (60 €/CV), 220 € en Centre-Val de Loire (55 €/CV).
La région d’immatriculation :
- Tarifs extrêmes : de 30 €/CV (DOM-TOM) à 60 €/CV (Normandie, Bretagne, Grand Est).
- Coût total : entre 150 € (Dacia Spring 3 CV à 50 €/CV) et 750 € (véhicules premium à 12 CV).
- Les frais fixes (11 € de taxe de gestion + 2,76 € d’acheminement) s’ajoutent à la taxe régionale, portant le montant final à +13,76 €.
Les hybrides rechargeables restent soumis au malus écologique classique, mais leur carte grise n’est pas concernée par la suppression de l’exonération spécifique aux 100 % électriques (non explicitement mentionné dans les sources, mais déduit du contexte).
Carte grise et voiture électrique : quelles conséquences pour les acheteurs ?
Jusqu’au 1er mai 2025, l’achat d’une voiture électrique en France permettait de bénéficier d’une carte grise gratuite ou à tarif très réduit, grâce à une exonération de la taxe régionale sur le certificat d’immatriculation. Cette mesure, instaurée pour encourager la transition vers des véhicules zéro émission, permettait aux acheteurs d’économiser plusieurs centaines d’euros lors de l’achat d’un véhicule neuf ou d’occasion.
À partir de mai 2025, cet avantage prend fin dans la quasi-totalité des régions françaises, à l’exception notable des Hauts-de-France qui maintiennent, pour l’instant, l’exonération. Désormais, les acheteurs de voitures électriques devront s’acquitter du même tarif de carte grise que pour un véhicule thermique, calculé en fonction du nombre de chevaux fiscaux et du tarif régional, qui varie généralement entre 30 et 60 euros par cheval fiscal.
Quel sera l’impact de la fin de la gratuité sur le coût d’une voiture électrique ?
La suppression de la gratuité de la carte grise représente un surcoût immédiat pour les acheteurs de voitures électriques.
Par exemple, dans une région où le cheval fiscal est à 60 euros, une voiture de 5 chevaux fiscaux coûtera désormais 300 euros de taxe régionale, auxquels s’ajoutent les frais fixes habituels. Selon les modèles et les régions, le coût total de la carte grise pour une voiture électrique oscillera entre 150 et 750 euros. Si cette somme reste modérée par rapport au prix d’achat d’un véhicule neuf, elle s’ajoute à d’autres réductions récentes des aides à l’achat, comme la baisse du bonus écologique et la disparition de la prime à la conversion, ce qui alourdit la facture globale pour les consommateurs.
Cette suppression risque-t-elle de ralentir l’adoption des véhicules électriques ?
La fin de la gratuité de la carte grise, prise dans un contexte de réduction générale des aides à l’électrique, pourrait avoir un effet négatif sur la dynamique du marché. Même si le coût de la carte grise ne représente qu’environ 1 % du prix total d’un véhicule, l’accumulation de signaux défavorables (hausse des coûts, baisse des incitations, incertitudes réglementaires) risque de décourager certains acheteurs potentiels.
Les principaux freins à l’adoption restent cependant le prix d’achat élevé, le manque de bornes de recharge et les inquiétudes sur la durée de vie des batteries. Néanmoins, la suppression de cet avantage fiscal intervient à un moment charnière, alors que la France vise la fin des ventes de voitures thermiques en 2035. Si la mesure ne constitue pas un obstacle majeur à elle seule, elle contribue à un climat d’incertitude qui pourrait ralentir la progression des ventes de véhicules électriques, surtout auprès des ménages les plus sensibles au prix.
Carte grise des voitures électriques : quelles différences selon les régions ou les pays ?
La politique d’exonération de la carte grise pour les véhicules électriques évolue fortement en France. Jusqu’à présent, la gratuité était généralisée, mais désormais, chaque région peut décider d’appliquer ou non une exonération totale ou partielle sur la taxe régionale de la carte grise pour les véhicules électriques, à hydrogène ou hybrides rechargeables. Cette autonomie régionale crée des disparités importantes : alors que la plupart des régions françaises mettront fin à la gratuité, certaines pourraient choisir de maintenir des avantages pour inciter à l’achat de véhicules propres.
À l’échelle européenne, la situation est encore plus hétérogène : de nombreux pays offrent des exonérations ou réductions de taxes d’immatriculation pour les voitures électriques, mais les montants et critères varient considérablement selon les législations nationales.
Certaines régions vont-elles continuer à proposer une exonération partielle ?
Cependant, la loi 2025-127 du 14 février 2025 a modifié l’article L421-49 qui permet désormais aux régions françaises de décider localement du maintien ou non d’une exonération sur la carte grise des véhicules électriques. À ce jour, seule la région Hauts-de-France a officiellement annoncé la poursuite de la gratuité de la carte grise pour les véhicules électriques après le 1er mai 2025.
Les autres régions ont choisi de mettre fin à cet avantage, invoquant notamment la nécessité de compenser la baisse des recettes liée à la diminution des immatriculations et à la montée en puissance des véhicules propres. Toutefois, la législation laisse la porte ouverte à une exonération totale ou à demi-tarif, selon les futures décisions des conseils régionaux.
Comment la politique française se compare-t-elle à celle d’autres pays européens ?
Comparée à ses voisins européens, la France se distingue par une réduction rapide de ses incitations fiscales à l’achat de véhicules électriques. Alors que la gratuité de la carte grise était un argument fort jusqu’en 2025, la plupart des autres pays européens continuent de proposer des avantages fiscaux significatifs.
Par exemple, l’Allemagne offre une exonération de la taxe de circulation pour les véhicules électriques pendant dix ans, la Belgique applique des taux d’imposition réduits ou une exonération en Flandre, et des pays comme la Croatie, la Bulgarie ou la Roumanie maintiennent l’exonération totale des taxes d’immatriculation pour les véhicules électriques.
D’autres pays, comme l’Italie ou la Finlande, accordent des réductions importantes sur la taxe de propriété ou d’immatriculation. Ainsi, la France, en mettant fin à la gratuité généralisée, adopte une politique moins incitative que la majorité de ses partenaires européens, ce qui pourrait impacter la compétitivité du marché français du véhicule électrique à court terme.
Acheter une voiture électrique avant le 1er mai : une bonne idée pour économiser sur la carte grise ?
Acheter une voiture électrique avant le 1er mai 2025 permet de profiter une dernière fois de la gratuité quasi totale de la carte grise. Jusqu’à cette date, l’immatriculation d’un véhicule électrique ne coûte que 13,76 euros en moyenne, correspondant uniquement à des frais fixes, car la taxe régionale est entièrement exonérée.
Dès le 1er mai, cet avantage disparaît dans presque toutes les régions françaises, et la carte grise pour une voiture électrique sera facturée au tarif standard, basé sur le nombre de chevaux fiscaux et la tarification régionale, soit un surcoût de 150 à 750 euros selon le modèle et la région. Cette hausse brutale du coût d’immatriculation explique pourquoi de nombreux acheteurs anticipent leur achat pour bénéficier de l’exonération avant son arrêt, créant une accélération des immatriculations juste avant la date butoir.
Est-il encore intéressant de profiter de la gratuité avant son arrêt ?
Oui, il reste intéressant de profiter de la gratuité de la carte grise avant le 1er mai 2025, surtout pour les acheteurs qui souhaitent optimiser leur budget. L’économie réalisée peut atteindre plusieurs centaines d’euros, une somme non négligeable qui s’ajoute aux autres aides encore en vigueur, comme le bonus écologique.
Après cette date, la carte grise d’une voiture électrique coûtera autant que celle d’un véhicule thermique, ce qui alourdira la facture globale pour les nouveaux acquéreurs. Dans un contexte de réduction des aides, saisir cette opportunité vous permet de mieux maîtriser votre investissement.
Conclusion : ce qu’il faut retenir sur la fin de la gratuité de la carte grise
Point clé | Ce qu’il faut retenir sur la fin de la gratuité de la carte grise |
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Date d’entrée en vigueur | 1er mai 2025 |
Mesure concernée | Fin de l’exonération totale de la taxe régionale sur la carte grise pour les véhicules 100 % électriques. |
Régions concernées | Toutes les régions françaises, sauf les Hauts-de-France qui maintiennent la gratuité. |
Nouveau coût pour les automobilistes | La carte grise sera facturée au même tarif que pour les véhicules thermiques, soit entre 150 et 750 € selon le modèle et la région. |
Tarif du cheval fiscal | Variable selon la région : de 43 € (Auvergne-Rhône-Alpes) à 60 € (Bretagne, Centre-Val de Loire, Grand Est, Normandie), moyenne nationale à 50 €/CV. |
Motivation de la mesure | Besoin de recettes pour les régions, la carte grise étant une source fiscale majeure. |
Impact sur les aides à l’achat | Réduction globale des aides à l’achat de véhicules électriques, la gratuité de la carte grise disparaît. |
Possibilité d’exonération régionale | Les régions peuvent décider de maintenir une exonération totale ou partielle, mais seule les Hauts-de-France l’ont confirmé à ce jour. |
Conséquence pour le marché | Hausse du coût d’acquisition, risque de ralentissement de l’adoption des véhicules électriques. |