La fin du leasing à 100 €/mois
C’est donc la fin. L’État a décidé de mettre fin prématurément à cette première édition 2024 du leasing social. Ils permettaient aux foyers modestes d’accéder à une voiture électrique pour environ 100 €/mois. Un décret est attendu et sera publié au Journal Officiel. Cela ne signe pas l’arrêt définitif du dispositif, le leasing social reprendra bel et bien fin 2024 pour l’année 2025, a assuré l’Élysée.
Le dispositif a donc été victime de son succès un mois seulement après son lancement, en dépassant ses objectifs prévus pour cette année. Quelques chiffres parlants : fin janvier, plus de 90.000 personnes avaient fait la demande pour bénéficier d’une voiture électrique en leasing social par ce dispositif. Un mois après, ce sont environ la moitié des demandes qui ont été validées (plus de 50.000 commandes), un nombre bien supérieur aux 20.000 à 25.000 véhicules électriques que l’État s’était fixé.
La cause budgétaire comme motif de l’arrêt ?
Le leasing social est une des mesures fortes du programme électoral d’Emmanuel Macron. Il offre aux ménages les plus modestes gagnant au maximum 15 400 € de revenu la possibilité de signer un contrat de location avec option d’achat (LOA) pour 100 €/mois pour une citadine électrique de type Peugeot e-208 et 150 €/mois pour un plus gros SUV électrique comme la Renault Megane e-Tech. Cependant, pour être éligible, certaines conditions sont requises :
- rouler plus de 8 000 km par an ou habiter à plus de 15 km de son lieu de travail,
- aide maximale de 13.000 € par voiture, via le bonus écologique (7 000 €) et une surprime de 6 000 €,
- durée de la location minimum de trois ans, renouvelable une fois.
Certains modèles phares ont connu un plus grand succès que d’autres. Le groupe Stellantis a par exemple particulièrement profité de l’offre en proposant des Peugeot e-208 et Fiat 500ᵉ, mais aussi de plus gros modèles comme la Jeep Avenger, pour un total de 30.000 voitures électriques début février. De son côté, le constructeur Renault a proposé ses Twingo e-Tech et Zoé e-Tech en fin de carrière à prix bradés, mais aussi son utilitaire électrique, le Kangoo Van e-Tech.
Ce qui a eu pour effet d’augmenter sa part de marché grâce au leasing social, a indiqué le directeur de la marque Fabrice Cambolive. Pour rappel, seuls les véhicules électriques construits en Europe sont éligibles à ce bonus. Mais parmi les modèles soutenus, seuls les plus gros sont produits en France, comme la Renault Mégane e-Tech ou l’Opel Mokka-e.
Initialement, sans date de fin, le budget a eu raison du leasing social. La facture s’élève à 650 millions d’euros rien que pour cette année, une ardoise beaucoup trop importante si on considère les 1,5 milliard d’euros alloués au financement du bonus écologique et de la prime à la conversion. Les commandes validées seront bien honorées, a assuré Roland Lescure ce dimanche, ministre délégué chargé de l’Industrie de France.
Et pour la suite ?
En annonçant la fin du programme du leasing social pour 2024, l’Elysée a exprimé sa satisfaction quant au succès obtenu par cette initiative lors de son lancement. « Parmi les 100.000 véhicules que les Français éligibles au leasing s’apprêtent normalement à acquérir chaque année, 50.000 seront électriques cette fois. Cela représente un succès significatif pour l’écologie à la française, bénéfique tant pour le budget des ménages que pour l’environnement », a indiqué un conseiller du président ce lundi. Le gouvernement est par ailleurs en train de planifier la prochaine phase du leasing électrique pour 2025, envisageant une augmentation de l’ampleur du programme. Des détails supplémentaires seront communiqués vers la « fin de cette année ou au début de l’année suivante », a confirmé Roland Lescure.
La pérennité du leasing social sera notamment influencée par la capacité des constructeurs à intensifier leur production électrique. « Actuellement, la demande est forte et la production française de véhicules électriques reste insuffisante. Cela signifie que les constructeurs français doivent soit augmenter leur rythme de production, soit s’engager à le faire », a souligné Roland Lescure dimanche. « L’avantage de ce programme est double : il rend les véhicules électriques accessibles à des personnes qui ne sont pas forcément fortunées, à un coût abordable, tout en favorisant la production de véhicules français. Notre objectif est de réussir sur ces deux fronts », a ajouté le ministre.
Stellantis affirme qu’il est actuellement impossible de produire un véhicule d’entrée de gamme en France et a récemment lancé la commercialisation de sa nouvelle Citroën e-C3, fabriquée en Slovénie et vendue à 20.000 euros. Par ailleurs, Renault prévoit de lancer au printemps 2024 sa Renault 5 électrique, qui sera produite dans le nord de la France, mais à un prix de départ plus élevé, soit 25.000 euros. D’autres constructeurs tels que Volkswagen, Skoda, Nissan ou Hyundai ont aussi participé au programme de «leasing social», bien que leurs offres n’aient été lancées qu’en janvier. Volkswagen France a fait savoir lundi avoir reçu et accepté de nombreux dossiers, tout en regrettant d’avoir rejoint le programme après les constructeurs français.