Essai Mercedes EQE : une nouvelle référence en matière de confort ?
Parmi tous les constructeurs premium, Mercedes est celui qui compte le plus de modèles 100 % électriques dans sa gamme. La gamme EQ a été inaugurée en 2019 avec l’EQC, un SUV électrique qui peinait à dépasser les 400 km d’autonomie. En l’espace de trois ans, de l’eau a coulé sous les ponts et la gamme est désormais bien fournie avec des modèles qui, pour certains, peuvent dépasser les 600, voire 700 km d’autonomie avec une seule charge.
Mercedes EQA, EBQ, EQC, EQS, EQS SUV, EQV, tous ces modèles sont électriques et composent la gamme EQ de la firme étoilée, et la petite dernière de la bande, l’EQE vient à peine de rejoindre les concessions. Globalement, la structure de gamme des modèles EQ est basée sur celle des modèles thermiques que nous connaissons actuellement chez Mercedes.
Ainsi, l’EQE, c’est en quelque sorte la petite sœur de l’EQS, à l’image de la Classe E par rapport à la Classe S. L’EQE mesure 27 cm de moins que l’EQS, mais il ne s’agit pas d’une petite berline pour autant, puisque ses dimensions restent très généreuses, notamment avec sa longueur de 4,95 mètres. Mercedes propose donc une berline taillée pour avaler du kilomètre, sans une goutte d’essence bien évidemment, et elle devrait d’ici à quelques années prendre définitivement la place de la Classe E.
Une petite Mercedes EQS en puissance
Comme la Classe E avec la Classe S, l’EQE s’inspire esthétiquement de l’EQS et un œil non averti ne fera pas la différence entre les deux, si ce n’est la différence de longueur. Le design est globalement très épuré, et avant de faire une voiture anguleuse, Mercedes s’est avant tout attardé à rendre sa berline aérodynamique. Le contrat est rempli puisque l’allemande revendique un excellent Cx de 0,20, soit l’un des meilleurs de l’industrie automobile pour une voiture de série.
Même si le format est plus compact qu’une EQS, l’écrin reste à peu près le même, avec des technologies embarquées très similaires, même si l’EQS, hiérarchie oblige, en offre plus. La planche de bord Hyperscreeen n’est malheureusement pas disponible sur les versions « classiques », elle profite simplement au modèle sportif Mercedes-AMG EQE 53 pour le moment, et en option qui plus est.
Malgré tout, la planche de bord est d’excellente facture et est une sorte de mix entre celle d’une nouvelle Mercedes Classe C et une EQS. L’atmosphère est très soignée, avec des matériaux et des ajustements de qualité. La personnalisation est de rigueur à bord, et en cherchant dans les nombreux menus dont regorge l’écran tactile de 12,8 pouces, on peut choisir les couleurs et l’ambiance à bord. Sous les yeux du conducteur, nous retrouvons un système d’instrumentation de 12,3 pouces qui permet d’avoir sous les yeux toutes les informations utiles et nécessaires à la conduite.
Le système MBUX réclame un petit temps d’adaptation et toutes les technologies ne sont pas forcément indispensables, mais force est de constater que l’ensemble fonctionne plutôt bien, avec un système de reconnaissance vocale dotée de l’intelligence artificielle qui est capable d’apprendre en quelque sorte vos habitudes, ou encore la navigation avec la réalité augmentée qui vient s’afficher en gros à la place de la carte du GPS au moment d’emprunter une intersection. Les graphismes sont d’excellente qualité et la navigation entre les menus est fluide. Au niveau du système embarqué, c’est un quasi sans faute.
Une habitabilité correcte, sans plus
Avec son empattement de 3,12 mètres de long, soit l’un des plus généreux du segment des berlines électriques, la Mercedes EQE offre de l’espace aux passagers arrière, bien que ce ne soit pas vraiment extraordinaire pour une berline d’environ 5 mètres de long. En réalité, ce qui pèche, c’est la garde au toit pour les grands gabarits en raison de la ligne de pavillon fuyante.
En ce qui concerne le coffre, Mercedes annonce seulement 430 litres, soit la contenance d’un coffre d’une berline du segment inférieur. Même la Mercedes Classe C, qui est pourtant 20 cm plus petite, offre 25 litres de plus. L’ouverture est en plus de ça pas très pratique, il s’agit d’une malle et non d’un hayon, l’ouverture est donc assez étroite. À l’inverse, la Mercedes EQS bénéficie d’un hayon et permet d’y loger de plus gros objets.
La batterie, la recharge et les consommations
L’EQE est le deuxième modèle basé sur la plateforme 100 % électrique EVA2 après l’EQS. Plus tard, les EQS SUV et EQE SUV bénéficieront aussi de cette même plateforme. Elle intègre une batterie de 90,5 kWh de capacité lui offrant une autonomie comprise entre 567 et 654 km. Les consommations sont intéressantes, puisque Mercedes annonce entre 15,4 et 17,7 kWh/100 km sur le cycle mixte WLTP. Chose que nous avons pu vérifier durant notre essai, puisque sur notre parcours d’environ 400 km, nous sommes parvenus à consommer environ 18 kWh/100 km. Avec ces consommations relevées, nous aurions pu effectuer plus de 500 km avec une seule charge, sans trop de problèmes. Un bon point.
Concernant la recharge, un passage sur une borne rapide capable de délivrer 170 kW, soit la puissance de charge maximale de la voiture, permettra de passer de 10 à 80 % en 32 minutes. Il faudra patienter environ 8h15 sur une prise AC 11 kW. Sur autoroute, le trajet le plus énergivore pour une voiture électrique, nous avons relevé des consommations d’à peine 20 kWh/100 km à 130 km/h et avec la climatisation et quelques éléments de confort, de quoi effectuer environ 400 km avant de refaire le plein d’électrons. C’est globalement très bien, et l’EQE se base sur un planificateur d’itinéraire embarqué qui utilise les données GPS pour optimiser les temps de recharge. Cette Mercedes est aussi équipée d’un freinage régénératif automatique capable de s’adapter au profil de la route pour réduire la consommation du véhicule.
Pour aller plus loin :
Plus confortable que dynamique
Le confort, c’est le maître-mot à bord de cet EQE. Il s’agit sans doute de l’une des berlines les plus confortables, si ce n’est la meilleure pour une voiture électrique. Les suspensions sont très souples en mode confort, et deviennent à peine plus fermes en mode sport. Le silence règne à bord, même à haute vitesse, de quoi presque apprécier les longs voyages. Difficile de lui trouver un défaut, même la direction variable mêle avec aisance consistance et fermeté.
Néanmoins, avec plus de 2 300 kilos sur la balance, le revers de la médaille, c’est le dynamisme. Notre modèle d’essai 350 et ses 292 ch sont suffisants, mais on sent bien que la performance n’est pas forcément l’esprit recherché par Mercedes. Avec un 0 à 100 km/h abattu en 6,4 secondes, il n’y a pas grand-chose qui transpire le dynamisme, ce rôle étant plutôt endossé par la Mercedes-AMG en 53 et ses 687 ch en puissance de crête. Ce modèle dispose aussi de réglages spécifiques afin de la rendre vraiment plus sportive.
Attention toutefois, l’EQE n’est pas ridicule en conduite dynamique, loin de là. Les roues arrière directrices pivotent sur un angle de 10° (4,5° sur les modèles dotés de jantes de plus grosse taille) et lui confère une agilité très correcte lors des enchaînements de virages. Cette technologie lui est surtout utile en ville avec un rayon de braquage intéressant et une maniabilité appréciable pour une si grande berline.
Lorsque la voiture est équipée des roues arrière directrices, celles-ci braquent beaucoup et peuvent surprendre. En effet, entre l’angle au volant que vous pensez mettre pour tourner et ce qui se passe avec la voiture, il y a parfois un peu de décalage, et plusieurs fois, nous avons rasé de très près les bordures. Attention à ne pas abîmer les belles jantes de 19 pouces.
Concernant la partie freinage, comme d’habitude chez Mercedes, c’est excellent, même si la transition entre le freinage régénératif et celui par friction est étrange, avec peu de consistance en début de course et un mordant qui arrive d’un coup à mi-course.
La firme allemande a prévu plusieurs modes de récupération d’énergie au lever de pied, qui peuvent se régler via les palettes situées derrière le volant. Trois niveaux de décélération sont disponibles, tandis qu’un mode de « récupération intelligente » est également de la partie et basés sur les données GPS.
Les tarifs et la concurrence de la Mercedes EQE
Difficile à croire, mais la Mercedes EQE est actuellement la berline électrique la moins chère de chez Mercedes avec un prix de 79 350 euros pour une version 300 en France. Notre modèle d’essai 350 et dotée de la finition « AMG Line » s’échange contre 83 250 euros. Une coquette somme, mais qui reste bien plus abordable que la version sportive 53 et ses 124 100 euros réclamés. Fort heureusement, le fait qu’elle soit électrique lui permet d’échapper au malus au poids, et même au malus tout court. En revanche, n’escomptez aucun bonus écologique au vu de son prix, l’EQE dépassant largement le seuil de 60 000 euros.
Qu’avons-nous face à cette EQE ? Il n’y a pas de concurrentes directes, mais seulement des modèles qui gravitent autour. Il y a l’inévitable Tesla Model S, qui peut aussi être en concurrence avec l’EQS, et qui vient de revenir en France avec sa version « Plaid », mais cette version réclame 138 990 euros. Mais avec 1 020 ch et 600 km d’autonomie, elle paraît hors catégorie. Il n’y a plus qu’à attendre les plus petites versions, mais elles devraient difficilement passer sous la barre des 100 000 euros.
Chez le voisin bavarois, à savoir BMW, l’i4 s’inscrit plutôt sur le segment du dessous. Elle pourrait cependant être une très bonne alternative à l’EQE pour ceux ayant un budget plus réduit puisqu’elle s’échange à partir de 59 950 euros.
Il y a aussi la redoutable Porsche Taycan, la référence des berlines électriques sportives, mais sa philosophie est différente. La version d’entrée de gamme en propulsion est facturée 88 364 euros. Elle bénéficie d’un peu moins d’autonomie mais reste plus sportive. Du côté de chez Audi, il faudra patienter encore avant de voir arriver une A6 100 % électrique, mais celle-ci est bien dans les cartons.
Pour aller plus loin : Mercedes EQE – fiche techique.
Essai Mercedes EQE : le mot de la fin
Même avec 292 ch sous la pédale de droite, l’EQE ne peut pas être considérée comme une berline dynamique. Son truc à elle, ce sont les longs voyages, d’autant plus que l’autonomie n’est plus un problème, sachant qu’elle dispose d’une assez grosse batterie, tandis que la densité du réseau de recharge est aujourd’hui meilleure.
L’EQE n’a pas grand-chose à envier en termes de confort et de raffinement à une EQS, et en dehors de quelques technologies pas vraiment indispensables, on pourrait même se demander pourquoi choisir une EQS au lieu d’une EQE, moins chère, quasiment aussi habitable et surtout tout aussi confortable. Et pour ceux à la recherche de plus d’espace, d’un coffre plus grand et de capacité presque tout-terrain, il faudra patienter encore quelques mois, puisque Mercedes présentera sous peu l’EQE SUV, un modèle qui calquera sa gamme sur la berline, mais avec un niveau d’habitabilité supplémentaire.
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